Le pays du rêve
D’après Colère Noire, Ta Nehishi Coates / La prochaine fois le feu, James Baldwin et Aimée Césaire
Conception et mise en scène : Frédéric Laforgue
Chorégraphie : Serge-Aimé Coulibaly
« Un tigre ne proclame pas sa tigritude. Il bondit sur sa proie » Wole Soyinka
A travers les entremêlements entre les chorégraphies, le texte dit et les images et les sons en résonance, ce spectacle raconte la peur d’avoir à sortir de chez soi pour affronter les violences policières et les lois de la rue. Il évoque le droit de respirer face au permis de démolir, la figure du fugitif, la rage et les émeutes, la prochaine fois le feu.
«Notre lexique tout entier […] ne sert qu’à oblitérer l’expérience viscérale du racisme, le fait qu’il détruit des cerveaux, empêche de respirer, déchire des muscles, éviscère des organes, fend des os, brise des dents. […] La sociologie, l’histoire, l’économie, les graphiques, les tableaux, les statistiques finissent tous par s’abattre sur le corps avec une violence inouïe», écrit Coates
Mon corps se trouve à un niveau anormal d’insécurité. Je le sens… exposé, destructible. Personne pour le protéger ! Je crains pour mon corps. Je dois sans cesse prouver qu’on n’a pas le droit de le réduire, de le détruire… Quand tu marches dans la rue, tu n’es jamais tranquille. Et ça épuise une bonne partie de ton énergie… Tu dois sans cesse être sur tes gardes, ne pas tourner le dos… J’ai peur pour mon corps. J’ai peur de le perdre… Qu’il soit éliminé, réduit en miettes, en poussière… Je voudrais que mon corps m’appartienne, sans être traqué, réquisitionné. Ou contrôlé. Quand je danse, je cherche à atteindre une vitesse… Une vitesse de libération. Alors tous mes muscles se soulèvent, me soulèvent, et je quitte la pesanteur… Mes jambes, mes bras, ma tête… tout mon corps se met à voler. Je danse pour qu’on ne s’empare pas de mon corps, pour qu’on n’arrête pas mon corps, pour qu’on ne l’immobilise pas… Je danse pour fuir ! Quand je danse, mon corps est en mouvement, je suis en mouvement, et je me transforme. Je me transforme en phasme, en libellule, je me transforme en ours, en zèbre… ou en oiseau, en poisson… En poiseau… En oisson…
23 et 24 septembre 2024 à la Gare SAint-Sauveur (Lille)
Avec Bwanga Pilipili et Jean Paul Mehansio / Musiques : Malik Berki et Grégory Privat / Vidéo : Bénédicte Alloing / Musiques : Malik Berki et Grégory Privat / Vidéo : Bénédicte Alloing
Production en cours